Avec Pierre Flynn, la patience est toujours récompensée. Voici Sur la terre, un nouvel album qui a pris le temps nécessaire, l’artiste ne versant pas d’encre en vain. Sa poésie s’y retrouve en des mots simples, auxquels il a laissé le temps d’être justes, vifs comme son regard, d’autant plus criants de vérités que portés par la force tranquille de sa voix, ardente, profonde.

Sa signature musicale se reconnaît autant qu’elle se renouvelle, nourrie par le passage du temps, les aventures collectives (telles 12 hommes rapaillés et Hommage à Brel) et le goût du défi. Il a agencé les couleurs de cet album en étroite collaboration avec Éric Goulet et Philippe Brault à la réalisation, sans oublier Louis-Jean Cormier, qui a donné le coup d’envoi et participé aux arrangements.

Ballades envoûtantes, incursions folk et rock bien roulé se parent des cordes et des vents de Brault, des trouvailles sonores de Goulet, des guitares de Cormier, dans ce projet foisonnant où Flynn, tout en restant lui-même, a plus que jamais ouvert la porte aux apports de ses collaborateurs. L’ensemble crée de subtils contrastes entre voiles aériens et mélodies accrocheuses, bien assises sur la rythmique organique et puissante de Marc-André Larocque et de Mario Légaré.

Sur cette terre où légèreté et gravité se mêlent, Pierre Flynn s’enracine, autant dans le vacarme urbain que sous l’étoile frémissante. Voici le regard lucide d’un homme qui collectionne les printemps, entre la quête romantique (Capitaine, ô capitaine) et la réalité qui bascule (Sirènes). Ses antécédents abitibiens lui inspirent Duparquet, fresque enivrante comme Le vent se lève ou Lettre de Venise. Puis son regard au présent inconditionnel se fait complice des générations actuelles (Si loin, si proche), avec cette urgence d’affirmer les liens humains et fraternels en des temps troubles (Le parc Lahaie).

Cet album se présente comme un chapitre, une mise à jour de la chronique d’une vie. Mais on y entend bien celui qui revient à ses amours après un nouveau tour du monde, chargé de visions, de souvenirs, et impatient de les partager. C’est avec la même impatience qu’il prépare un tout nouveau spectacle, où il parcourra son journal de bord avec nous, voyageurs sur la terre.